Le 26 juin 2004, un samedi après-midi, j'ai invité les habitants du quartier (tracts et affiches distribués durant la semaine) à mettre en marche leur machine à laver à la même heure, puis à descendre pour étendre le linge à l'extérieur, au pied des immeubles, sur des cordes tirées entre les arbres, les réverbères et les piliers.
La durée de l'action correspondait au temps de séchage, estimé à 3 heures.
En partant un peu du dicton "Il faut laver son linge sale en famille" (tout en me disant que rien n'avait été spécifié pour le séchage), avec des souvenirs d'étendage collectif de linge, l'oeil aux aguets, dans le quartier de mon enfance, j'avais imaginé une sorte de grand concert accumulant les bruits de toutes les machines du quartier faisant vibrer à l'unisson tous les immeubles, une installation géante composée du linge s'étalant dans tout le quartier comme une grande guirlande bariolée, puis un happening domestique/urbain dont les protagonistes seraient les habitants du quartier prenant part à l'événement.
Les conditions météorologiques désastreuses (pluie continue toute la semaine jusqu'à la veille de l'événement) ont contribué à une baisse d'enthousiasme pour moi, à une communication tardive et à une faible participation.
Cependant, la mise en place du projet, même si partielle, a permis de soulever des débats de rue concernant la légitimité d'une telle action, le rapport espace intime - espace public, le rappel d'un geste oublié et ses implications dans le paysage urbain (interdit/permissif, promiscuité/proximité, exhibition/rencontre, provocation/questionnement).
