Chameroy, samedi 1er et dimanche 2 octobre 2005 de 14h30 à 17h30
Un tilleul isolé au sommet d'une colline, un lit de paille dessous, des cocons or à taille humaine posés (tombés ?) dessus, et moi à quatre pattes, penchée sur les chrysalides.
Deux hôtes accueillent le public, parlent à voix basse, fournissent bouillotte à serrer contre soi et masque opaque à poser sur les yeux, invitent à s'allonger dans un drap sarcophage, à s'enrouler dans une couverture de survie.
Je murmure sans cesse, passe de l'un à l'autre et décris à leur oreille des images oniriques.
"Après-midi du 15 décembre 2004. Je suis à flanc de montagne en train de jouer une scène d'un spectacle avec un autre acteur qui ressemble à s'y méprendre à Demis Roussos. Le public est dans la salle -typologie à l'italienne- et nous sommes au-dessus des cintres. Ce que nous interprétons ne leur est pas visible directement mais d'une façon ou d'une autre je sais qu'ils sont là, qu'il voient. Notre scène se termine. Demis (appellons-le ainsi) m'invite à descendre le grand toboggan vers la scène pour la scène suivante et à m'allonger nue sous l'arbre où il viendra me faire l'amour..."
Lors de sa première esquisse, le projet comporte l'installation de hamacs dans l'arbre, accessibles à l'aide de cordes à grimper, de harnais. Le son, enregistré sur une bande, doit être diffusé par des hauts-parleurs fixés sur les branches. L'adjonction de multiples prothèses au tilleul me paraît déplacée. Je décide de laisser de côté les appareils, les machines et les amplificateurs. Je choisis de compter sur mes cordes vocales, sur ma capacité à lire sans relâche trois heures durant, sous la pluie et sous le vent. Je fais confiance au mécanisme de projection mentale qui permet au public de s'imaginer dans la cime du tilleul, de construire ses propres images à partir des textes descriptifs de mes rêves.