Drapeaux de septembre pour le Pays paysages/drapeaux peints d'après nature.
autour de la Charrette - tous les jours - vote le 1er octobre - levée de drapeau le 2 octobre 2005
J'ai décidé de réaliser une série de drapeaux, peints d'après nature, selon une méthode prédéfinie consistant à composer le drapeau en trois bandes verticales, et à utiliser les couleurs observées dans le paysage.
Le traitement pictural va de l'aplat légèrement nuancé à des zones s'approchant de la figuration.
Au fil des pérégrinations de la Charrette, j'ai peint neuf drapeaux qui y étaient présentés au fur et à mesure.
À l'issue de la semaine d'interventions, un vote a été organisé pour déterminer quel drapeau semblait, aux yeux du public, le plus représentatif du pays, au mois de septembre.
C'est le drapeau numéro 8 qui a été élu, celui qui, à mon sens, tend le plus vers la figuration, puisqu'on y devine un champ de colza en train de lever.
Le drapeau élu, a été placé en façade de la Maison du Pays.
Tout l'enjeu de ce travail a été de travailler par hybridation, avec comme double idée que l'hybridation génère de la poésie, et qu'elle rompt les catégories.
Formellement, entre tableau et drapeau l'indétermination s'installe (la toile flotte sur une hampe mais elle a une rigidité anormale pour un drapeau, une texture et des couleurs désunies...); elle s'installe aussi entre figuration et symbolisation mais en restant toujours dans le champ de la représentation.
La construction du projet s'apparenterait elle même à une greffe, celle d'une opération conceptuelle sur un procédé impressionniste, (ou bien l'inverse ?), l'hybride en résultant est à la fois intellectuel et sensuel.
Mais ce qui m'intéresse surtout c'est qu'il se crée une grande agitation, un vrai brouillage des interactions entre les notions de pays, de paysage, de territoire, de terroir, de nation, d'identité, d'emblème, de représentation, d'appartenance...
Cette agitation soulève la très grande relativité de ces notions et s'extrapole au drapeau national. Le facteur temps vient ajouter une couche à cette relativité, les saisons influencent l'aspect du paysage, influencent elles aussi les emblèmes ? La rupture, le brouillage des catégories crée l'indétermination, une mise en énigme. Et la mise en énigme est pour moi le moyen de générer la réflexion (comme un koan zen par exemple, petite énigme visant à mettre la raison dans une impasse).
Pour finir, j'ajoute un mot sur ce curieux phénomène qui s'est produit : l'intrusion du camouflage dans le travail. Bien que logique (mes drapeaux, comme le camouflage, se basent sur les couleurs du paysage), la proximité m'a surpris. J'ai fini par me dire qu'en manipulant des notions de territoire et d'identité, il était normal que la guerre finisse par s'introduire de force dans le travail.